Aujourd'hui
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Re: Aujourd'hui
Oui oui, comment ça va?
Une petite bataille?
Une petite bataille?
fredgev- Messages : 235
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Localisation : lille
Re: Aujourd'hui
A deux ?
Ouverte ou fermée ?
Ouverte ou fermée ?
txoa- Messages : 1108
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Re: Aujourd'hui
Pas rangee en tout cas!
fredgev- Messages : 235
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Re: Aujourd'hui
Aujourd’hui, je on nous vais mourir. Aujourd’hui, je on nous vais mourir. Le soleil sera peut-être blanc, le froid piquant le nez et les joues, en attendant le bus n° 54, la petite femme en bottes à poils regardera sa montre, cadran tourné à l’intérieur du poignet, juste ce bout de peau de bébé contrastant avec les ravins fins de son visage soucieux. Un jeune black à blouson orange et bonnet noir à oreilles d’éléphant, qui sautille. Des jeunes filles agglomérées. Un couple de vieux collé par le froid et l’attente et toutes les années. Bus n° 83. Bus n°81. Le 83 va au port. Le 81 au musée. Le 54 à l’hôpital. Ce qui est indiqué sur les panneaux. Des terminus. Trois choix précis, ce matin- là, après avoir soufflé de la buée froide bu du café enfilé des couches de vêtements pour cesser de grelotter. Il n’y a pas de bus pour l’aéroport, ni pour la prison, ni pour l’école, ni pour le cimetière, ni pour ailleurs, où. La ville est soudain réduite à trois pôles : port musée hôpital. Port : bateaux cargos mer grues cargaisons girafes d’Afrique paquebots et quoi encore. Il réfléchit. Il réfléchit jusqu’à cette phrase qui s’imprime dans sa chair bleue : aujourd’hui je on nous vais mourir. Port musée hôpital quelle importance. Quelle importance, 54, 81, 83, la montre, sautiller ou pas, les poignets doux des bébés, avoir moins froid, faire en sorte de, l’absence de regards, de paroles, le manque de destinations, les êtres cassés qui se prolongent. Aujourd’hui cette phrase, très nette, inscrite intérieurement, et il attend un bus, n’importe lequel. Et chaque instant dans cette attente mourra pour lui seul instantanément. Toutes ces disparitions, tout ce qui change, tout ce qui ne reviendra jamais. Il ne s’agira plus de mourir, un jour, puisque tout meurt déjà, en continu, en permanence, inévitablement. Il n’y a plus d’évènement de la mort, qui s’introduirait un jour, à un instant T, dans sa vie ; il y a la vie simple, corrompue, gangrenée, minée par la mort, qui tue chaque moment, inlassablement, implacablement.
Il attend un bus.
Il pense à un amour, un ami, un voyage, un paysage, un visage, un enfant, une montagne, une mer, un nuage, un corps.
Il pense à une sensation, une douceur, un malheur, un train dans la nuit, un cri, une claque, une jouissance.
Il pense à une couleur, un jardin, une tombe, un mot, un œil, une courbe, un chemin dans une forêt.
Il pense à une joie, un trou, une ombre, un brouillard, une odeur de colle, un liquide froid, une fourrure d’animal.
Il pense à une histoire, un arbre, un goût, une jambe, une élucubration, une terre, un cri, une folie.
Il veut énumérer, retrouver, faire revenir, contraindre en présence fixe, immuable, incorporer une fois pour toutes, faire revenir en vrai, donner sens. Il sait que c’est impossible, vain : ce qui revient est une torture car disparu (il en reste seulement des traces, éparses, discontinues), et si rien ne revient il n’a pas vécu.
Il reste à prendre un bus. A force de l’attendre il sera la nuit. Il sera tard. La petite femme à la montre, le jeune black, les filles et le couple, depuis longtemps ils seront montés partis, vers où, pourquoi ?
Il s’assoit. Il est seul. Il ne voit pas la tête du chauffeur. Les immeubles défilent, des fenêtres sont allumées, il fait nuit, demain je on nous vais mourir, et quoi ?
Il attend un bus.
Il pense à un amour, un ami, un voyage, un paysage, un visage, un enfant, une montagne, une mer, un nuage, un corps.
Il pense à une sensation, une douceur, un malheur, un train dans la nuit, un cri, une claque, une jouissance.
Il pense à une couleur, un jardin, une tombe, un mot, un œil, une courbe, un chemin dans une forêt.
Il pense à une joie, un trou, une ombre, un brouillard, une odeur de colle, un liquide froid, une fourrure d’animal.
Il pense à une histoire, un arbre, un goût, une jambe, une élucubration, une terre, un cri, une folie.
Il veut énumérer, retrouver, faire revenir, contraindre en présence fixe, immuable, incorporer une fois pour toutes, faire revenir en vrai, donner sens. Il sait que c’est impossible, vain : ce qui revient est une torture car disparu (il en reste seulement des traces, éparses, discontinues), et si rien ne revient il n’a pas vécu.
Il reste à prendre un bus. A force de l’attendre il sera la nuit. Il sera tard. La petite femme à la montre, le jeune black, les filles et le couple, depuis longtemps ils seront montés partis, vers où, pourquoi ?
Il s’assoit. Il est seul. Il ne voit pas la tête du chauffeur. Les immeubles défilent, des fenêtres sont allumées, il fait nuit, demain je on nous vais mourir, et quoi ?
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Aujourd’hui, je quémande des mots (n’importe lesquels, même les pires), qui ne viennent pas.
Aujourd’hui, j’ai envie de me saouler (boire, n’importe quoi).
Aujourd’hui, je suis pathétique (n’importe comment, m'en foutant, la lie de la lie).
Des moments comme ça, et l'absence de soulagement, à dire sans dire, à vrai dire, à faux dire
Et Noir bazar, mort ?
Aujourd’hui, j’ai envie de me saouler (boire, n’importe quoi).
Aujourd’hui, je suis pathétique (n’importe comment, m'en foutant, la lie de la lie).
Des moments comme ça, et l'absence de soulagement, à dire sans dire, à vrai dire, à faux dire
Et Noir bazar, mort ?
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Non, gelé.limbes a écrit:
Et Noir bazar, mort ?
Manuel- Messages : 311
Date d'inscription : 23/04/2009
Localisation : Paris
Re: Aujourd'hui
Aujourd’hui, je regarde ma tête dans l’écran noir de l’ordinateur, et, bien que ce ne soit pas un miroir redoutable, je vois des cernes creusées, des rides, des yeux affaissés, troubles, indéfinis, une vieille fille, des peaux marquées, amalgamées, un regard triste et lointain. Je voudrais être très très vieille, ou très très jeune, mais je suis juste comme ça, entre deux âges, à penser à la mort, ou à la vie, en dehors, et avoir envie de boire, boire, et que plus rien n’existe sauf ce que j’imagine, délirante, indésirable.
Et cette colère à la Txoa envers tout ceux qui se croient, qui veulent être autres, se donner à voir, se rendre visibles, dans leur vie et leur mort parfaites, à poursuivre sans fin leurs grouillements, sans jamais se remettre en cause
Il ne faudrait pas qu’un type en costard me donne une boîte avec un bouton provoquant potentiellement la fin du monde,
même pour zéro euro
puisque je m’y inclus, dans l’apocalypse

Et cette colère à la Txoa envers tout ceux qui se croient, qui veulent être autres, se donner à voir, se rendre visibles, dans leur vie et leur mort parfaites, à poursuivre sans fin leurs grouillements, sans jamais se remettre en cause
Il ne faudrait pas qu’un type en costard me donne une boîte avec un bouton provoquant potentiellement la fin du monde,
même pour zéro euro
puisque je m’y inclus, dans l’apocalypse

limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Je crois me remettre en cause. Je crois pouvoir dire lorsque ma subjectivité est aveuglée par la colère. Je crois.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Et j'espère qu'on n'est pas mort. J'en veux encore.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Pas tout à fait mais sur une voie mortifère en ce qui me concerne puisque après plus de 2 ans et demi de chomedu, j'ai retrouvé la cohorte du monde du salariat (Ça va faire plaisir à mon banquier). Du coup, le temps me manque...txoa a écrit:Et j'espère qu'on n'est pas mort. J'en veux encore.
Ernest Kurtz- Messages : 292
Date d'inscription : 09/03/2010
Localisation : Banlieusard
Re: Aujourd'hui
Comme disent les américains dans les mauvais films: "welcome home, man"
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
"Welcome to the machine", plutôt, comme le chantaient les vieux Floyd...
Ernest Kurtz- Messages : 292
Date d'inscription : 09/03/2010
Localisation : Banlieusard
Re: Aujourd'hui
C'est quoi, ton nouveau boulot, Ernest (si ce n'est pas indiscret)?
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Me voilà amener à programmer des questionnaires informatiques qu'auront sous les yeux des enquêteurs qui vous téléphoneront pour vous demander si vous avez une très bonne, plutôt bonne, plutôt mauvaise ou très mauvaise opinion de Untel ou Untel, ou si vous connaissez la lessive trucmuche, ou si vous êtes très satisfait, assez satisfait, assez insatisfait ou très insatisfait de votre FAI.
No comment...
No comment...
Ernest Kurtz- Messages : 292
Date d'inscription : 09/03/2010
Localisation : Banlieusard
Re: Aujourd'hui
Wake up !!
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Hibernation ?
Ernest Kurtz- Messages : 292
Date d'inscription : 09/03/2010
Localisation : Banlieusard
Re: Aujourd'hui
Bon, ce n'est pas un polar, c'est un roman d'hommes (assez savoureux, ma foi):

J'ai bien aimé ça, entre autres:
- Alors pourquoi je devrais l’appeler ? Pour lui dire que je la hais ?
- Bien sûr que non. Il faudrait le formuler autrement.
- Comment ?
- Dis-lui que tu l’aimes.

J'ai bien aimé ça, entre autres:
- Alors pourquoi je devrais l’appeler ? Pour lui dire que je la hais ?
- Bien sûr que non. Il faudrait le formuler autrement.
- Comment ?
- Dis-lui que tu l’aimes.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
C'est un petit cadeau pour un pote, mais je n'ai pas résisté, je l'ai lu avant, en faisant gaffe de ne pas trop ouvrir le bouquin ou de ne pas y envoyer de grandes giclées de café froid, l'air de rien, quoi.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
C'est pertinent ce genre de chronique éclair. Ça me parle ; forme et contenu, en l'occurrence.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Il y a quelque chose de terrible dans le vide, c'est qu'il appelle le vide. A quoi bon poster si je ne suis pas lu. Du coup on ne poste pas et rien n'est alimenté. Bref...
Bonne année à tous !
Bonne année à tous !
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
hello, il ya quelqu'un, au bout du tunnel !!
Ohé
Ohé
fredgev- Messages : 235
Date d'inscription : 26/07/2008
Age : 42
Localisation : lille
Re: Aujourd'hui
et bonne année à toi aussi
fredgev- Messages : 235
Date d'inscription : 26/07/2008
Age : 42
Localisation : lille
Re: Aujourd'hui
Ma parole, on n'a pas le droit d'hiberner...
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Meuh si... Tiens, le chanteur de Boney M s'est mis en hibernation définitive. Aussi j'ai lu "Bois" et j'en suis pas sorti tout pareil. Qui chronique ? Moi ? Pas tout de suite alors. J'ai aussi lu un livre extraordinaire d'Edward Bunker, "aucune bête aussi féroce" chez Rivages. Ca fait encore une chronique en suspens.
A part ça il fait doux et je pars en Périgord.
A part ça il fait doux et je pars en Périgord.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
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